[écrits, poèmes] Kirjava

J’ai peu de temps pour te tuer.

Derrière le paravent, son corps frémis.
J'avance. A toi. Je compte jusque trois.
Mais trois quoi? Trois toi. Trois sourdes.
Trois muettes. Toi l'aveugle.
Sa robe glisse à terre. Derrière le paravent.
Je recule, un miroir, comme une entrée, s'ouvre et laisse place à ma silhouette. Je suis un os, je suis la graisse.
La Rage, elle, m'écoute, m'observe, m'assomme.
Tournis, carnaval, un manège qui me fait parcourir une ronde.
Toi, tu aimes les sexes, car tu n'en possèdes pas.
Moi, je t'aime toi car tu es comme moi.
Babil enfantin, tu l'avais compris.
Je ne suis qu'un corps sculpté, d'argile.
Derrière le paravent, tu sens.
Elle, il, sent ma présence. Tu ne m'ignores pas.
Tu ne mines l'or sur mon visage. Toi tu ôtes.
Moi je recherche mes biens.
Toi, tu t'en fous.
Trois toi. Le père est sourd lorsqu'il me voit.
Le fils se tait, lorsque je suis là.
L'esprit ne me voit même pas.
Trois toi.
Tais-toi.
J'avance, je casse. Tu hurles. Recule!
Toi aussi tu as vu: les poupées n'ont pas de sexe.
Et même nos boucles ne font pas de nous des femmes.
Je suis ta soeur et tu me jettes.
Je suis ta mort, et tu t'y jettes. Merci.

Elena B.



Image de Lily Cornelli

très beau poème!

Volée. Une lettre décédée. Des mots à cacher. Démodés. Modifier nos erreurs dans l'abstrait. Dans l'attrait. Dévoilé le secret.
Violette dansait. Quinze années de beauté, fleur de l'âge, éclosion d'une puberté perlée. De la grâce frétillait au bout de ces doigts, la chatouillait et faisait envoler ses pieds. Passionnée.
C'est alors que sa jambe gauche, par l'élan de quelques tous, trébucha sur le parquet. Un bruit désagréable s'en suivit. Elle était blessée. Une erreur. Dans ses mouvements. Cela arrive.
Repos. Elle était essoufflée. Son long corps filiforme s'était voûté, une fois assis. Poitrine plate ; une danseuse. Elle était le décor de l'anorexie sans jamais s'y laisser l'accès.

Abstraction des pensées ; seuls les mouvements, répétés encore, existent. Jusqu'à ce que... Lui. Il est trop tard pour ce corps souple d'être une étoile éclatante de gestes. Une trentaine d'année, la danse dans la peau, Violette dans sa chaire. Même s'il savait qu'il ne pourrait jamais accéder au degré supérieur que Violette, ambitieuse, souhaitait atteindre, la danse restait pour lui nécessaire, vitale.
Et il avait admiré la rigueur de chacun des muscles contractés de cette demoiselle. Son visage durci mais si clair!, sa parole fluide.
Ils dansaient ensemble, s'entraidaient.

Un retrait, c'est ce qu'il fallait. Rétrécissement des pensées aux regards échangés. C'est une main sur la hanche, le pas de danse esquissé, cela s'appelle un baiser.
Le secret les unis, leur fait battre le cœur dans la pénombre des échanges physiques. L'amour est partagé.

Violette violente tu t'acharnes contre ta jeunesse, le contraste de ton corps d'enfant. Tu t'emballes à sa vue, et ta vie se perd dans ses années déjà écoulées.



Il est vieux, Violette. Ça pourrait être de l'inceste, Violette.
Ça pourrait...
Et quand le plaisir se mêle, que c'est un peu trop charnel, la douleur vagabonde sur leurs visages. Mais tout ce bonheur coupable, de grâce et de vertige, c'est beau à travers les miroirs.
Ils dansent, et dansent encore, la passion s'écoulant de leur front, tout leur art débordant du cœur.
Le parquet accueille leurs corps en mouvement. Pas un bruit. La tension du silence. Attention au silence.

EnVolée. Disparue dans de bleus cieux. Evaporés. Etait-ce réellement une erreur? Tout est beaucoup trop abstrait.

Violette serre son sac dans le train, le regarde s'éloigner à la fenêtre. Elle ne veut plus. Se transporter trop vite dans le temps, c'est malsain. Même s'il l'aimait, même si elle l'aime toujours. Elle doit grandir différemment, ne fera pas sa vie avec lui. Il faut vivre autre chose.
Il lui faut sa liberté de jeune fille. Un oiseau qui s'est délibérément enfermé, adoré par son possesseur.
Paris, elle part en catimini pour danser sans lui.
Ce sera dur, il ne sait rien. Ce sera dur le lendemain. Mais il oubliera la douleur comme elle lavera longuement la sienne.
Violette, est une femme, maintenant.

fin: Le lundi 18 février 2008.

Elena B.

Rhô zut j'ai pas l'temps de lire ca...
Le retour de Violette, wouh ! *câlin*
J'te dis ce que j'en pense demain

Violette est sûrement la même personne dans le sens que la façon dont je l'imagine est je crois la même que l'autre.
Mais je ne pensais pas à une histoire précise sur Violette.
C'est juste une fille qui s'appelle Violette, c'est un personnage imprécis. Je lui donne ce nom car j'aime beaucoup ce nom... Après, la même ou pas... C'est pas dans cette optique qu'il faut le prendre je crois. .... Ou pas.

Bon, en fait j'ai eu l'instinct de ne pas avoir eu le temps de le lire hier... J'ai bien fait...
Argh...


Elle ne voyait plus le miroir. Le temps s'était brouillé... son coeur battait, abattait ses aubes, mitraillait encore. La poitrine en convulsions et le sourire à l'envers... elle ferma les yeux.
Leva sa main et essuya doucement, fébrilement, machinalement sa joue.
Elle était sèche.


"je te banderais les yeux et t'apprendrais la valse... je te ferais danser dans l'infini au bord de l'eau... pourquoi pas ta plage au phare étoilé"

Kirjava a écrit:

EnVolée. Disparue dans de bleus cieux. Evaporés.

EnVol !


Vole !
Mais c'est que c'est magnifique, Elena...

J'ai adoré J’ai peu de temps pour te tuer ! L'écriture est Kirjavaienne, le rythme est fluide, musical, les mots se détachent et semblent prendre vie! C'est superbe! tu es superbe

Merci beaucoup

Deux jeunes gens l'ont lu mais... :



Accrocher aux arbres les larmes de Marie-Jeanne, pleurer dans l'herbe.
Cueillir ces fleurs pour faire sécher les pleurs. Rien d'acerbe.
Il n'y a rien d'amer, je ne fais que t'appeler, me crever les yeux
Je ne sais pas si ce sont les nuages que je veux ou un au autre univers.
Le tien, celui de Marie-Jeanne. Et puis mes yeux creux, ... mes yeux creux.
Et taille-moi dans les eaux, dans la mer, dans le fer.

Du soufre. Du soufre. Et je suis délétère.
Du soufre. Du soufre. Je te libère.
Fumée et feu. Brouillard où je perd.

Délimiter les frontières du coeur, haut le coeur dans quelques champs
De blés qui se font violer par le vent violent. Violent.
Est-ce qu'on est tous pareil, vraiment, à la nuit
Comme on crie, comme on ris, comme on s'encre de pluie.
Se blottir contre l'autre que l'on aime profondément, sincèrement.
Et qu'il pleure avant soi, et qu'il pleure avant moi, mon amoureux inexistant.

Du soufre. Du soufre. Et je suis délétère.
Du soufre. Du soufre. Je te libère.
Prisonnière. Fumée et feux. Brouillard où je perd.

Attraper aux arbres même les larmes de Marie-Jeanne, je ne sais faire.
J'écoute les chants d'oiseaux étranges. Expiration de l'air.
Tout le carbone, le calcium, le cobalt, le phosphore et l'azote,
Les jeux de jambes, jeux de hanches, jeux de coeur, je t'aime, les je t'aime,
Je les gratte, je les frappe, je les tappe, je les happe, je les frottes, je les frottes.
Et là nous sentons nous sommes beaux. We're the same.

Sulphur. Sulphur. And I'm deleterious.
Sulphur. Sulphur. I'm yours.
Smoke and fire. I lose. I lose.

Hu'z ! Deux jeunes gens.
Ah, c'est donc cela, le titre.
C'est marrant, c'est surprenant, c'est espièèèègle. Et simple. Tout pour me plaire, quoi.

Lalala. Sulphur !

Il y a donc un titre ?
Je répète donc ce que j'en ai déjà dit : quelque chose de violent et musical, quelque chose de suffisamment bien écrit pour troubler mon bonheur au moins le temps de la lecture et de l'assimilation, quelque chose qui, oh puis je ne sais pas, mais quelque chose quand même.
Et puis, je vois mieux un jeu sonore, maintenant. Tu devrais t'enregistrer le lire à voix haute, ça aurait de la gueule, je pense.

Au hasard : quelque chose de Kirjavaesque ?
Tiens, c'est drôle, j'ai aussi ressenti ce petit fond de sonorité envahissant dans cet écrit-là.
A Gaya : Mais enfin, ne joue-t-elle pas toujours avec les sons ?

Gaya a écrit:

Tu devrais t'enregistrer le lire à voix haute, ça aurait de la gueule, je pense.

Tiens donc. C'est c'que je vais faire pour mon dossier d'Art Pla. Youpla !
Oh oui ! Associer l'écrit avec le son, ça accentue encore plus l'Emotion. Et ça conviendrait aux écrits Kirjavaesques que nous avons le plaisir de goûter. J'ai bien dis goûter. Pourquoi pas associer le goût, en plus du son ? Bienvenue Fôlie. Pas pour n'importe quels écrits par contre, si on doit ingérer de l'acide, sans façon.

Bref. Je ne préfère pas te commenter Kirj', de peur de salir ton écrit. Je laisse le trouble qu'il m'a causé s'insinuer pronfondément en moi. Effervescence de mes sens.
Sulphur. Sulphur. And I'm deleterious.

Sparkling Romance a écrit:

A Gaya : Mais enfin, ne joue-t-elle pas toujours avec les sons ?

Si toujours, c'est juste que ça me frappe plus encore en le relisant comme ça, d'un seul bloc.

Comptesse Sanglante a écrit:

Pourquoi pas associer le goût, en plus du son ?

Tu fais exprès d'être aussi proche de mon idée ? Hein, dit !

Goût. Goût. Goût...

Bon la seule chose qui me vient c'est : Qui veut des pâtes à l'alcool d'orties? Ca donne du goût.

Peut-être que je fais tout de la même façon, écrire comme je cuisine, dessiner comme je peins...

Sauf la musique.... Il y a quelque chose en musique que je ne cerne pas chez moi.. Pas assez de persévérance peut-être simplement. Faut que je m'y mette, avec Cocoon je suis complètement obsédée....


Pourquoi ne pas créer sa musique en "chantant, ou parler doucereusement" mes textes, et puis danser dessus ! Lalala !

Folie Folie Folie
Magie Magie Magie
Doomie Doomie Doomie.

COCOONESQUERIES

Bon j'ai autre chose, je pensais fortement à Cocoon en l'écrivant donc bon, je ne sais pas :

C'est dans l'obscurité profonde de cette nuit d'été que la lune éclaire son visage. C'est dans cette lumière du jour que le soleil illumina sa face. Et il pleuvait. Pas une goutte de pluie. Et il y avait dans l'air la lourdeur de l'orage. Je ne voyais que les nuages blancs s'effiler dans le ciel azur.
Il me dit : "Alors, tu veux écrire?"
Je lui dis: "Non, je veux vivre". Bouffée d'oxygène. Et puis je respire de l'hélium, de l'hydrogène, l'odeur de chlore me parcours. Je n'ai plus de visage. Je n'ai pas de vie sage. L'arsenic descend dans mes veines. les alcools sont en ébullition dans mon estomac, les fumées illicites se dispersent et montent à la tête. Néant, imagination, il ne se passe rien.
Je vis. Il suffit de respirer.
J'expire et le soleil se couche, la lune disparait comme un brouillard évanescent et froid. Il embrasse une aurore boréale des yeux. Tout est noir, nos silhouettes sont cendres. Calcinée, ardent, je brûle. Carbonisé, enflammé, il continue avec un flot de paroles qui s'écoulent du robinet de l'évier, goutte à goutte.
"Vivre fait-il partie de ton écriture? As-tu peur de te limiter à remplir ta vie principalement de ça? "
Pointu. Le roi de Pique joue aux cartes lorsque je rêve la nuit. Dois-je l'écrire pour vivre? Je ne sais que répondre.
"Vivre c'est s'évader."
Mon coeur bat. Tu sens comme je vis? La forêt vibre. Tu sens comme je vis? Les ailes poussent, les os se brisent. Un corps douloureux s'envole. Tu sens comme je vis? Ma gorge témoigne car elle appelle le chant, les cris, la voix. Tu vois comme je vis?

Et toi qui doutais de la qualité de tes derniers écrits...

Bon, ébranlée, du coup, moi. 'Sais pas quoi dire. Lala.
Mais ca donne envie de se cogner sauvagement la tête contre le mur et, à la fois, d'aller voleter au-dessus d'une cascade pour en apprécier le chant étincelant... voilà.
Merci pour cet instant.
(En plus j'suis épuisée, alors pour que ca capte mon attention ET mes émotions, faut le faire, quoi. Chapiau bas, demoiselle.)

J'ai relu L'émotion peut me rendre belle, Mais les jours me font rebelle.
La première fois j'avais accroché, mais sans plus. Et cette fois... WaW... Magnifique texte en fin de compte ! *sous le choc*

Franchement, merci beaucoup. Ca me fait très plaisir.

C'est étrange cette histoire de violette. Cela me fait penser à ma Prune de mes poèmes. Sauf qu'elle a toute une symbolique

Comte Lhug Obscurus a écrit:

J'ai relu L'émotion peut me rendre belle, Mais les jours me font rebelle.
La première fois j'avais accroché, mais sans plus. Et cette fois... WaW... Magnifique texte en fin de compte ! *sous le choc*

Kir, je t'avais diiiit !
Gnih, j'multiploie (pour ne pas "plussoie" puisque Mad'moiselle n'aime pas).

ton dernier poème est super beau bravo quelle artiste!!!!!!!!!!!!!

Sparkling Romance a écrit:

Et toi qui doutais de la qualité de tes derniers écrits...

Bon, ébranlée, du coup, moi. 'Sais pas quoi dire. Lala.
Mais ca donne envie de se cogner sauvagement la tête contre le mur et, à la fois, d'aller voleter au-dessus d'une cascade pour en apprécier le chant étincelant... voilà.
Merci pour cet instant.
(En plus j'suis épuisée, alors pour que ca capte mon attention ET mes émotions, faut le faire, quoi. Chapiau bas, demoiselle.)

Moi j'arrive pas à me lire avec attention.
J'ai du mal à me concentrer sur la cohérence de mes écrits, en général ça va parce que je connais un peu ce que j'écris, j'connais l'histoire... Mais j'ai du mal justement, j'lis à moitié, pas de plaisir à lire ça... Juste à l'écrire.