Manoir...

Seule dans la cuisine, la liche que le sommeil avait déserté depuis bien longtemps déjà quitta la pièce pour se diriger vers le hall sombre, flanqué en son centre d'un énorme escalier de marbre. Son visage squelettique se fendit d'un sourire plus large qu'à d'accoutumé. Elle monta lentement les marches. Une fois à l'étage, elle se trouva dans un long couloir sombre bordé de portes de bois massif. Elle fit quelques pas sur le parquet faisant murmurer les lattes sous son poids. Arrivée à la quatrième porte à droite, elle tourna doucement la poignée de cuivre et poussa le lourd battant de chêne.
Elle entra dans la pièce sombre, regarda autour d'elle, et vit une cheminée au fond de la pièce et surtout elle constata avec un contentement non dissimulé de hautes étagères remplies de livres sur tous les murs de la pièce.
Au centre trônait un petit bureau et deux fauteuils de velours grenats richement ouvragés.
Anathème avait trouvé son royaume en ce manoir. Elle se dirigea vers la cheminée, mit quelques buches et alluma le feu afin d'y voir plus clair. Elle fit ensuite le tour de la pièce, regardant avec convoitise les tranches des ouvrages poussiéreux reposant sur les planches des bibliothèques.
N'y tenant plus, elle s'empara d'un des ouvrages et alla s'assoir sur le fauteuil faisant face à la porte pour dévorer le grimoire profitant du silence.

Une faille déchira la commissure de ses lèvres, laissant apparaître deux paires de crocs d'une blancheur quasi artificielle. Son visage se vit déformé par une série de grimaces diverses avant qu'il ne mastique bruyamment dans le vide, tel un ours sortant de l'hibernation. La silhouette se redressa en une demi-seconde, faisant jouer ses articulations proximales comme un pantin.

Le jour était sur le point de se lever. Azariah avait bien dormi. A présent il devait manger.

Il tira vers lui les deux battants de la porte et sortit sur le palier des grands escaliers. Il ne se souvenait pas que la chapelle donnait directement sur le grand hall. Le tapis rougeoyant était si doux qu'il avait envie d'enlever ses bottines pour le fouler de ses pieds nus. C'est ce qu'il fit, laissant ses chausses traîner sous un petit banc de bois noble et de cuir, placé juste en face de sa nouvelle "chambre", contre la balustrade entre les deux escaliers qui descendaient au vaste rez de chaussée.

Empruntant le couloir à sa gauche, il se mit à arpenter les corridors, silencieux comme un fantôme. Les chambres étaient nombreuses, toutes différentes, mais également toutes jolies. Au bout de la dizième il haussa les épaules, se disant que de toutes façons la sienne était la plus belle.

Il traîna d'abord dans l'aile Sud. Cette dernière s'étalait sur les deux niveaux, flanquées de glaces en de multiples endroits, et de décorations dorées. Elle devait bien faire une quarantaine de mètres de long, pour une quinzaine de large, de quoi sans doute organiser de somptueuses réceptions. Il en fit le tour, et se retrouva à nouveau dans le hall, mais sur le corridor opposé à la chapelle et à l'escalier. De l'autre côté, une grande fenêtre donnait une vue imprenable sur le perron de la bâtisse. Le soleil qui se levait illuminait le pays au loin, tandis que le manoir projetait une ombre majestueuse sur la cour de devant.

Il en profita pour jeter un coup d'oeil sur sa chapelle, dont il avait laissé les portes ouvertes. Le soleil filtrant à travers les vitraux baignait la pièce dans un océan de lumière et de couleurs, s'épandant fugacement dans le hall depuis les réflexions de l'énorme lustre qui trônait au centre, perché au plafond.

Il voulu poursuivre son exploration à l'aile Sud, mais sentit une espèce d'aura sentant les grimoires hors d'âge, la connaissance infinie et la sagesse absolue. Sans aucun doute la bibliothèque. Comme s'il était mu par une force extérieure, et sans même sciller, conservant son visage aussi inexpressif que durant toute la durée de sa promenade, il fit volte face et s'éloigna de ce qui devait constituer une grosse concentration de livres dans toute l'aile Sud.

Son errance le conduisit au second étage. Les chambres étaient moins nombreuses, mais montaient dans de petites tourelles qui hérissaient sûrement le manoir, visible de loin de l'extérieur. L'une d'entre elles semblaient mener au centre, à cheval au dessus du grand perron de l'entrée et du hall.

La porte avait l'air plus grande et plus majestueuse que les autres. Il l'ouvrit donc sans faire un bruit. De toutes celles qu'il avaient vues, c'était la plus jolie -mais sa chapelle était toujours plus belle. Sa vision de nuit lui permit d'apprécier la richesse des peintures et décorations multicolores qui virevoltaient tout autour de lui, telles un musée vivant.

L'immense lit à baldaquin orné de soieries n'était pas vide, il le sentit immédiatement. Il s'approcha, toujours aussi silencieux, et se retrouva né à né avec Wilwarin, dormant à poings fermés. Il se figea comme un piquet, un filet de bave apparaissant au creux de sa bouche, le regard braqué sur ce qu'il avait bien envie de faire son prochain repas.

Une goutte de bave, fine comme une aiguille, s'éffila et s'écrasa au sol sans un bruit.

La somnambule (trop) légèrement vêtue passa devant ses yeux sans qu'il ne scilla un instant. Complètement immobile, son regard suivit discrètement ce qui semblait être devenue une succube.

Il avait imaginé un instant que sa victime se serait laissée manger sans se réveiller, ce qui se passe dans la majorité des cas, mais aussi qu'elle pouvait se réveiller et se mettre à hurler, ce qui arrivait parfois, mais alors, que la nourriture se mette à bouger sans se réveiller, ça le dépassait.

Sa pâle et douce figure vira à l'écarlate lentement. Il n'avait toujours pas bougé, même du bout du doigt. Un bug s'était produit en lui. Que devait-il faire ? De la sueur perla le long de son front. Elle pouvait se réveiller n'importe quand au milieu de sa danse étrange, et le voir, avant qu'il n'ait eu le temps de lui sauter dessus. Il n'était même plus sûr d'en être capable à présent.

La situation ne pouvait pas être pire.

Si, dans le pire des scénario, Anathème débarquait et les surprenait, lui dans sa chambre, elle dans son état et sa tenue.

La liche était toujours au premier, dans la bibliothèque où elle avait désormais élu domicile. Un vieux grimoire entre les mains, bientôt elle saurait tous les secrets sur l'altération du métal par le givre, ce qui, il faut l'admettre, serait des plus utile lorsque la guerre reviendrait avec son cortège d'horreurs et d'humains, armés de leurs épées et de leurs boucliers.
Elle était captivée par son ouvrage, jusqu'au moment où, au dessus d'elle, elle entendu un bruit de piétinement, un peu comme si quelqu'un sautillait au dessus d'elle.
Pensant à des souris elle tenta de se replongeait dans son livre mais les bruits l'empêchèrent de se concentrer sur la complexe lecture des runes Pictes auxquelles elles n'étaient pas habituée.
Furieuse d'être dérangée par des créatures aussi insignifiante elle se leva de son siège et quitta la pièce dans une bourrasque glaciale dans l'idée de congelé sur place les piètres rongeurs.
Elle monta les escaliers si vite qu'elle sembla flotter au dessus du sol. Tout en activant à fond son aura de froid elle ouvrit brusquement la porte.
Tandis que la salle se couvrait de givre du sol au plafond, Anathème s'arrêta net dans la pièce en voyant la scène incongrue sous ses yeux.
Azariah se tenait au milieu de la pièce, elle n'avait jamais vu son visage aussi coloré, même après qu'il se fut sustentée sur la gorge d'une victime.
Ses yeux s'embrassèrent d'une lumière bleue éclatante et d'une voix de stentor tandis que la couche de glace recouvrant tout s'épaississait, elle hurla
"AZARIAH QU'EST QUE TU FICHES ICI ?!! Je me demande d'ailleurs pourquoi je pose la question.
Puis constatant la tenue légère de Wilwarin la liche entra dans une colère noire.
"Non seulement tu comptais t'en servir de garde manger mais en plus tu lui fais subir des sévices corporels avant de la vider de son sang!! Sors d'ici pervers!"

Azariah, toujours immobile suffoquait, son regard passa de la surprise à la terreur, en même temps qu'il changeait de direction, pour s'orienter vers la liche. Il s'attendait à prendre une bourasque d'anthologie, mais rien ne vint. Elle était furax, d'une rare intensité, mais n'avait préparé aucun sort de combat ni cataclysme magique dont elle avait le secret.

Malgré tout, il aurait bien voulu pouvoir se liquéfier dans l'instant, ou mieux, disparaître d'un coup. Disparaître ? Bonne idée, il pouvait encore se téléporter, compétence qu'il oubliait trop fréquemment lors des colères de la liche. S'il se transférait juste l'étage d'en dessous, ce serait pas mal, histoire de ne pas lui laisser le temps de changer d'avis.

Après cette seconde de battement, suite à la réplique retentissante de la magicienne mort-vivante, il opéra un transfert, souhaitant un peu trop fort s'éloigner de l'endroit.

L'image devint noire. Bananne, se dit-il, trop d'empressement, et il était parti trop loin. Trop bas. Il était à présent dans une espèce de couloir troglodyte plongé dans la pénombre. Quelque chose clochait. Il comprit rapidement. Il avait la tête en bas, suspendu par le pied, une espèce de piège dans lequel il s'était pris avant même de finir sa matérialisation. Le piège avait vraiment été rapide. Ainsi entravé, impossible de se téléporter. Quelle misère. Il n'avait même pas son arme sur lui. Appelant ses instincts prédateurs, il allongea doucement un de ses ongles qui prit bientôt l'aspect d'une griffe, à l'aide de laquelle il trancha la corde d'un coup sec. La scène précédente défilait encore devant ses yeux.

Il tomba au sol... tomba... encore tomba... le sol était si bas ? Il n'avait même pas pris la peine de relancer sa vision nocturne. Sa flemme lui couterai cher. Lorsqu'enfin il perçut son environnement, il réalisa qu'il se trouvait dans une caverne aux dimensions dantesques. Il vit le sol s'approcher s'approcher à grande vitesse, un genre de plate forme au centre de la caverne en question. Mais il réalisa peu avant d'y arriver qu'il ne tomberait pas sur la plate forme, mais dans le gouffre à côté. Ses sens se mirent enfin en éveil, et les images s'effacèrent pour le laisser se concentrer sur le danger. Il sortit toutes ses griffes et s'allongea pour les planter dans la paroi. Il frotta un moment avant de s'étaler contre le flanc. Il crachota un peu de poussière avant de remonter la paroi à l'ancienne, comme ils disaient.

Une fois en haut de la plate forme il fit le point, et scruta son environnement. l'endroit était fort intéressant. Sa vision nocturne longue portée lui permit d'apprécier la taille de l'endroit. De nombreuses passerelles partaient ça et là. Au dessus de lui, il repéra ce qu'il avait d'abord pris pour un corridor. Il s'agissait en réalité d'une passerelle, qui aboutissait sur un escalier montant et perçant le plafond. Il s'agissait sans doute d'une entrée secrète du manoir.

Voilà qui est bien marrant, se dit-il. Tout un labyrinthe sous terrain, mais qu'est-ce donc que ce manoir ? J'en toucherai bien deux mots à Ana, si ça se trouve la réponse se trouve dans un des nombreux bouquins, peut-être même une histoire de l'édifice. Tout cela piquait sa curiosité, néanmoins, les alentours lui faisaient furieusement penser à... un donjon. Il se gratta avec insistance le menton du bout des griffes, toujours sorties, quand une présence le fit sursauter.

Il se retourna pour trouver, sortant juste d'un passage, un humain taillé comme une gargouille, tenant une masse d'arme. Ce dernier le toisa du regard en déclarant : "C'est toi le boss des lieux ?!?"

La face pâle et décharnée de la liche se teinta de nuance légèrement violacée, la jeune fille était vraiment dans une tenue des plus légère, elle attrapa d'un mouvement rapide une des couvertures roulée en boule sur le somptueux lit et la posa délicatement sur les frêles épaules de Wilwarin.
La jeune fille semblait se réveiller de son élan de somnambulisme et regarda la liche en murmurant
"que s'est il passé"
Anathème hésita un instant à lui dire la vérité mais finit par décider en son fort intérieur qu'il valait mieux ne pas parler des velléités gastronomiques du vampire.
Elle fit un semblant de sourire à Wilwarin et l'aida à se recoucher.
"Rien, rien, vous êtes tombée de votre lit, et vu votre tenue légère et la perversité d'Azariah qui avait volait à votre secours, j'ai préféré le chasser pour vous aider. Rendormez vous sans crainte, il est encore un peu tôt.
A ses mots, la liche tourna les talons et se dirigea vers la porte pour quitter la chambre avec à l'idée de trouver le vampire pour lui passer un sacré savon

Citation :

Wilwarin, encore sous le choc, se laissa guider et revint docilement dans son lit (douillet), le regard bovin.
Parce que ses synapses étaient toujours anesthésiées, elle ne tarda pas à se rendormir... pour se réveiller brusquement (une fois de plus) au bout de quelques minutes : tout lui était revenu en mémoire à la vitesse du son - la lumière restant un peu trop rapide pour un cerveau dans l'coton.

La liche tourna doucement la poignée de la chambre de Wilmarin pour en fermer la porte. Elle était à présent dans le long couloir sombre. Maintenant que la jeune fille était recouchée, elle devait absolument trouver où Azariah avait bien pu se dissimuler afin de ne pas écoper de l'engueulade qui mijoter dans le cerveau d'Anathème.
Elle commença à se diriger vers les escaliers mais son attention fût happée par une étrange aura. Un miroir accrocher au mur entre deux lourdes de portes de bois noir. La glace était montée sur un encadrement torturé de métal serti d'obsidienne qui n'était pas sans lui rappeler les catacombes qu'elle avait jadis habité...
Elle se regarda dans le miroir. Un frisson lui parcouru l'échine lorsqu'elle vit son image onduler comme à la surface d'un lac. Elle toucha le tain piqué qui se bomba sous son doigt, s'accrochant et frémissant comme de la gelée.
Anathème resta un temps, perplexe devant l'étrange objet. Elle décida alors de trouver des documents relatifs à la maison et au miroir. Mais une chose était sûr, Azariah ne perdait rien pour attendre, elle lui botterait les fesses dés qu'il ressortirait de sa tanière...de toutes façons il faudra bien qu'il boive et s'empiffre à un momet où un autre.

Une hache s'abattit sur le crâne casqué, et Krän apparu derrière l'importun.
"Az, toi ici, ça alors...
- Mince, merci vieux, tu m'évites de transpirer sur celui-là. Mais dis-moi, c'est quoi cet endroit ?
- Tu viens du manoir, pas vrai ? Je me doutais qu'un endroit pareil serait à ta convenance. Ici, se sont les sous-sols. Les anciens propriétaires ont creusé et aménagé ces galeries.
- Im-pre-ssio-nant ! Ils avaient du temps à perdre ces gens là.
- Ils étaient surtout très bons calculateurs, les recettes engendrées les ont rendus riches comme crésus.
- Dis, t'as gagné un niveau ou quoi ? Tes phrases sont vachement longues... t'as parlé de recettes... d'argent ?
- Ouais...
- Mais comment un labyrinthe peut-il rapporter de l'argent ?
- Tu t'es pas demandé ce que ce type faisait ici ?
Az, c'est un donjon...
Le vampire fit les yeux ronds.

La liche cherchait fiévreusement des documents sur cet étrange miroir, mais pas un seul ouvrage n'y faisait références.

"Voilà qui est fâcheux, c'est quand même impossible qu'il n'y ait rien sur ce satané miroir!!"

Mais dans ces recherches, Anathème trouva une pochette de cuir fermée par une boucle. Une vieille étiquette manuscrite mentionnait d'une écriture soigneuse "Papiers du Manoir". Dans un sourire avide la liche ouvrit la chemise qui renfermait une pille impressionnante de parchemin en tous genres : titre de propriété, acte d'achat, permis de construire et les plans de la demeure.

Après avoir rapidement consulté les actes notariés, la liche s'attarda sur les plans. Il y avait une page par étage. Mais ce qui l'étonna c'est qu'il y avait cinq page en tout. Elle situa sur la première la cuisine et le hall c'était donc le rez de chaussée, sur la deuxième sa bibliothèque donc c'était le deuxième étage. Sur la troisième elle vit la chambre de Wilwarin qui l'assura que c'était le deuxième étage. Elle Découvrit qu'il y avait une cheminée dans presque toutes les pièces de ces trois plan excepté dans l'une d'elle dénommée sur le plan "Mrr".
Sur la quatrième page de plan on pouvait lire "Combles"

"hum...le grenier, pourvu qu'il y est quelques petites choses intéressantes."

Mais le cinquième et dernier volet ne portait aucune titre. Il représentait un grand nombre de couloirs et quelques petites pièces avec à quelques endroits du plan annotés
Anathème put lire notamment "coffre => or" mais surtout l'une des mentions indiquant "coffre => miroir" la fit bondir

La liche n'hésita pas bien longtemps, vu la structure du bâtiment il ne pouvait s'agir que d'un donjon. Les propriétaires du lieu avaient probablement construit ce manoir au dessus du donjon pour éviter les visiteurs et pouvoir disposer en paix des galeries souterraines.

Anathème, perplexe se mit a réfléchir à voix haute

"Peut être qu'en revenant à l'endroit ou ils ont trouvé le miroir je pourrais trouver quelques informations nouvelles et quand bien même il doit bien rester quelques petites choses intéressantes à voir..."

En superposant les plans du sous-sol et du rez de chaussée la liche trouva sans grande difficulté le passage secret dans le fumoir qui menait aux souterrain. Avant de pénétrer dans le donjon, elle se munit de son bâton qu'elle tendit devant elle. La cime du sceptre en forme de crâne de mit alors à briller d'une lumière bleutée lui permettant de guider ses pas dans l'obscurité.

Tandis qu'elle progressait doucement vers la salle ayant renfermé le miroir, le nez sur le plan, des échos de voix parvinrent à ses oreilles. La liche activa alors son aura de givre pour se prémunir de toutes agressions. Les parois de la galerie se couvèrent instantanément de glace autour d'elle et une bise glaciale se levait.

Alors qu'il discutait avec son vieil ami, un courant d'air glacial parcouru la grotte, provenant de l'un des sombres couloirs. Celui d'où il venait. Avant même qu'une goutte se mette à pendouiller au bout de son nez, il réalisa qu'une liche des glaces rôdait dans les environt.

Si tu veux bien m'excuser, déclara le vampire sur une élégante courbette, le climat pourrait bien devenir un peu rude pour moi ici dans les instants qui vont suivre, aussi je vais prendre congé ! Ravi de t'avoir revu et, au plaisir de nous recroiser dans ces couloirs ! A bientôt mon ami !

Sur ces mots, le spécimen Azariah trottina vers l'une des ouvertures, s'engouffrant dans un couloir pour disparaître aussi vite qu'il était venu.

La liche continua son chemin en direction des éclats de voix qu'elle avait entendu quelques minutes auparavant. Le couloir tournait en angle droit, elle ralentit et avança plus prudemment. Arrivée au coin, elle passa la tête et la lueur bleutée au fond de ses orbites gagna en intensité lorsqu'elle vit plantée au milieu de la galerie une robuste silhouette en pagne animée de frissons.
Elle resta un instant immobile, regardant l'ombre grelotante.
- "Qui êtes vous" gronda-t-elle
- "Krraa-ann brrr... répondit la haute créature entre deux claquements de dents.
Dans un léger bruissement Nox s'approcha, elle discerna alors que la créature était un homme fortement charpenté en pagne, une grosse hache gisait à ses côtés.
- "Et que faites vous ici Krraa ann-brrr?"
- "Brrr J'm'appelle pas Krraa-ann brrr....mmmmais Krraa ann brrr...."
- "Hum....ça promet" pensa-t-elle l'air un peu perplexe
- "Soit mais que faites vous ici?"
- "J' traqqque brrr les Gobrrrrrrr et les coffbrrrrr et là j'ai frrroid.
- "hum...je peux arranger ça." Elle arrêta alors son aura de givre et la température des galeries environnantes remonta presque instantanément.
- "Et vous êtes la depuis longtemps?"
- "Heu ch'ais pas mais ça fait un moment que j'tourne en rond, j'crois que ch'uis perdu."
- "En fait je suis la nouvelle propriétaire du manoir donc, par extension du donjon"
- "Heu pourquoi des tensions?"
La liche paru un instant consternée...Puis elle se dit que tout cela était normal, elle avait à faire à un barbare et à son vocabulaire limité
- "Non, je disais que moi nouvelle maitresse du manoir et du donjon"
- "Ha compris"
- "Vous avez croiser autres choses ici à part des gobelins?"
- "Heu ouais, des gobs et puis trois ou quatre trolls et heu... un vampire y a cinq minutes mais c'est un pote à moi et l'a eu peur du froid"
Les yeux de la liche se mirent alors à luire d'avantage dans ses cavités orbitales.
- "Un vampire dites vous...intéressant et par où est il parti, c'est mon ami je le cherche"
- "Oh ami d'Azariah!!! quel fêtard c'uila! On a prit d'ces bitures ensemble!" dit-il dans un rire gras,
"Heu l'est parti en trottant par là "ajouta-t-il, en pointant du doigt l'autre extrémité du couloir
- "Hum, oui c'est vrai que c'est un bon vivant pour un non-mort, ce qui est assez paradoxal quand on y pense" dit elle dans un léger rictus.
- "Si vous voulez sortir d'ici c'est à droite, et puis deux fois a gauche et puis à droite et encore deux fois à gauche vous trouverez une pièce qui donne sur des escaliers et là vous n'aurez qu'à aller faire un tour à la cuisine pour manger un peu avant de partir et puis à la salle de bain aussi ça sera pas du luxe"
Le barbare regarda la liche d'un œil morne analysant encore les nombreuses données mais visiblement sans grand succès
Quand il se retourna pour demander une seconde explication Nox avait déjà tourné à l'extrémité du couloir d'un pas rapide sur les traces du vampire en marmonnant entre ses dents
- "Le pleuctre, il m'aura senti arriver et aura prit la tangente pour éviter de se prendre le soufflon que je lui ai promis"

Tout en avançant d'un pas rapide à travers le dédale de tunnels troglodytes et de sombres corridors de pierre, le vampire sentait peu à peu l'air grésiller de la méfitique aura magique de la liche. Il devait gagner le plus de temps possible. Déambulant, il atterit finalement dans une large salle, véritable champ de colonnes, mais pas très haute de plafond. Son nez remua bientôt d'une tout autre aura, plus chaude, voire brûlante, avant que le sol ne se mette à trembler. Son instinct de chasse lui permit d'éviter de justesse, d'une gracile roulade sur le côté un monstrueux coup de hache. Une hache aussi grande que lui. Il eu juste le temps de jeter un oeil en arrière tout en courant, voir le démon dont les yeux rougeoyaient de violence.
- On se serait pas déjà croisé tous les deux ? fit Azariah pour lui-même.
En s'attardant un peu plus sur son anatomie, tout en jouant avec à cache cache entre les pilliers, la chose lui rappelait un peu un minotaure, certainement corrompu par des essences démoniaques.

Après quelques passes discrètes, la créature déchaînée se mit à démolir les pilliers un à un.
- Ce truc est vraiment pas tenable... pensa-t-il. Quel dommage que je n'aie pas mon épée avec moi... mon épée...!
Il se souvint alors qu'à la suite d'une mésaventure, il avait ouvert un livre d'alchimie. Il avait même lu plusieurs pages, a la suite de quoi, il avait tenté une petite préparation qui fut plutôt un succès, même si la violence de la réaction lui fit promettre de ne plus toucher à un livre magique de sa vie d'immortel.

Mais il n'eut pas le temps de porter sa main à son pendentif que l'arme de son adversaire manqua de le décapiter. Se retrouvant acculé dans un coin, il se lécha les babines, éternellement décidé à se sortir des pires situations, même celle là. Mais alors que la bête soufflait de plus belle, un courant glacial parcouru la pièce. Le regard d'Azariah changea au moins aussi vite, avant qu'il ne saute au coup de la créature bouche bée, pour s'y agripper, en hurlant :
- C'est elle ! Sauve moi !!!