CHAPITRE II
Il était épuisé et avançait droit devant lui en trainant des pieds. Il erra un moment dans la forêt avant que son pied ne heurte un caillou. Il s'écroula. Il restait là, à terre, n'ayant plus la force de se relever. « Que s'est-il passé? » se demanda-t-il. Il avait blessé la fille.
Maintenant il ne savait plus quoi faire. Il avait utilisé ce qui lui restait de magie pour sceller le démon, mais pour un temps incertain. Il n'était pas de taille à lutter contre lui. A chaque nouvelle manifestation, il devenait de plus en plus dur à maîtriser. Une colère contre lui-même commença à naître dans son esprit. Une colère qui mélangée à sa tristesse se transformait en haine. Il se haïssait. Il se mit à genou pour vomir.
Il s'assit ensuite le dos contre un arbre. Le regard vide, il resta là. Ses pensées se mélangeaient tellement qu'il n'en comprenait aucune. Il resta assis là plusieurs heures durant. Il posa ses bras sur ses genoux, puis sa tête sur ses bras. Une larme coula sur sa joue. Suivie d'une autre. Et d'autres encore...
Un bruit de pas léger le fit émerger. Un petit garçon d'une dizaine d'années se tenait debout près de lui et le ragardait avec curiosité.
« Pourquoi tu pleures? demanda l'enfant.
- J'ai fait du mal à quelqu'un. répondit l'autre, toujours noyé dans ses pensées.
- D'habitude, c'est celui qui a mal qui pleure, non? »
Un sourire presque imperceptible apparu un instant sur le visage humide du garçon. Il se dit que cet enfant avait de la chance. Il n'a pas l'air de connaître les tortures qu'un esprit peut infliger à son propre corps.
« Comment t'appelles-tu petit?
- Aleph, monsieur. Vous, vous devez être un soldat, vu votre arme et toutes vos cicatrices. Vous avez déjà tuer quelqu'un?
- Non, jamais. Et j'espère n'avoir jamais à le faire. Mais je ne suis pas un soldat. Je ne suis qu'un homme qui aimerait vivre comme les autres... »
Visiblement, l'enfant n'avait pas compris cette dernière phrase. Il fixait toujours son interlocuteur avec de grands yeux bleux. Il avait l'air d'attendre quelque chose, il sautillait presque sur place.
« Si t'es pas un soldat, pourquoi t'es blessé de partout alors?
Le garçon ne pleurait plus. Il répondit après un soupir :
- J'ai été faible. Non. Je suis faible. Ces cicatrices en sont témoins.
- Pourtant quand tu pleures pas, t'as l'air très fort! Avec ton sabre et tout! Moi j'aimerais devenir très fort! Comme ça, je serai plus embêté par les autres et je pourrai protéger ma maman contre les méchant. D'ailleurs je devrais déjà être rentré, elle va me gronder... »
Le garçon ferma les yeux. Les larmes séchées, ses pensées redevenait un peu plus claires. Une image lui vint à l'esprit : la fille. Il revit son sourire. Il la revit rire avec lui. Il revit ses yeux verts pleins de douceur. Un sourire apparu cette fois nettement sur son visage. Il n'était pas question de mourir. Il devait vivre pour qu'elle puisse à nouveau rire avec lui. Mais pour cela, il devait en finir avec le démon. Ce démon était à l'origine de tous ses malheurs, il devait le détruire. Scellé dans un coin de son esprit, cela lui laissait du temps pour devenir plus fort et le combattre à nouveau.
Il rouvrit les yeux. L'enfant était déjà parti. Un vent doux se leva. Le regard du garçon avait changé. On pouvait maintenant y voir de l'espoir et de la détermination. Ramassant son sabre, il regarda dans la direction du village. « Il est trop tôt » se dit-il. Il se retourna et partit vers la montagne, en direction du vent...
(toujours réceptifs aux critiques, à bientôt pour le chapitre III)