Secret et incomprehension...

On dit souvent qu'on regrette de ne pas être compris...
Mais est-ce qu'on dit toujours tout ?
Est-ce qu'on se confie vraiment ?
Pourquoi attend-t-on des autres de nous comprendre si on ne leur dit rien , ou pas la moitié ? Ils devraient nous comprendre d'instinct ? A demi-mots ?
Pourquoi est-ce qu'on prefère confier certaines choses a de parfaits etrangers, des choses que l'on oserait jamais dire a ses proches, a ses meilleurs amis ?
Est-ce qu'on ne cherche pas a porter un masque, a être, a paraitre quelqu'un face a ces proches et qu'on ne veux pas ternir cette image, ce rôle dans lequel on se sent bien ? Accepté ? Qu'on ne veux pas "decevoir"...?
Celui qui nous connais vraiment ne voit-il pas au dela de tous nos secrets ? De tous nos faux semblants ?
Mais celui qui nous connait vraiment, est-ce que parfois, on ne le haïrais pas pour ça, parce qu'on se deteste nous même, au fond, et qu'on deteste l'idée que quelqu'un ai pu nous voir "a nu", tel que nous sommes vraiment ?
Est-ce qu'on ne veux pas être vu d'une certaine façon, jusqu'a pouvoir le devenir ?
(Oula, je m'égard là... Je crois que j'ai largué tout le monde... Pardon...)

Je pense qu'on dit regretter d'être incompris mais qu'en même la plupart en sont bien content : ça évite d'avoir à s'assumer totalement.
Les rapport sociaux sont gouvernés par le parraître. Si on tente d'en sortir, on est rapidement rejeté par la "norme" (argh, je hais ce mot), mais cela permet d'établir des rapport plus vrai avec les gens qui choisissent de passer outre le simple rôle qu'on nous donne.
En fait, si l'on comprend totalement un individu, ça nous met en face d'un problème plus de type jalousie, car je doute fort pour ma part en tout cas de me comprendre totalement un jour. La comprhéension totale et réciproque poserai peut-être un autre problème : quand on a plus de mystère chez l'autre, quel est le moteur de la relation ? Le simple plaisir d'être ensemble ?

Pour ma part, c'est sur, je me confie plus facilement à des inconnus qu'à des gens qui me connaissent bien. Je ne dit jamais tout ce qui ne va pas. J'invente des histoires pour pas avoir à me justifier. Ca en devient très compliqué des fois. Je m'embrouille toute seule. Je veux toujours paraître bien sous tout rapport, je veux pas qu'on sache que j'ai des faiblesses. Moi même il m'arrive de me voiler la face, de ne pas voir ce qui ne va pas.
C'est dur pour moi. J'ai l'impression que la vie ne me fait pas de cadeaux. Que je ne me sortirais jamais du trou dans lequel je me suis lentement laissée tomber. En fait j'ai peur, peur de pas arriver à faire ce que j'entreprend, je me sous-estime la plupart du temps. En fait je crois que j'ai peur de la vie.
Ca fait du bien de déballer tout ça...

C'est vraiment un sujet digne qu'on s'y attarde...

Là, au débotté et dans mon état relatif de fraicheur, j'hasarderai que seule l'illusion de la connaissance que l'on donne aux autres nous fait peur. Que quelqu'un me connaisse assez pour avoir le détail de mes travers, de mes humaines petitesses, me répugne positivement. Oui, en effet, il apparait tellement plus sûr de n'être vu que comme l'on se voudrait jusqu'à s'en sentir la force et la stature... On sait d'instinct je crois comme une opinion s'arrête vite dans l'esprit d'une connaissance, et comme ce témoignage de nos faiblesses passées nous incommoderai si enfin on parvenait à notre entéléchie personnelle...

Et cependant, maître des lieux, je m'inscris en faux: être compris, être réellement compris, c'est être aimé. LA condition, l'effet qui confond la cause. Je suis fermement convaincu que c'est pour cela que nous recherchons deséspérement notre moitié, et qu'au dela des qualités qu'on lui prête et dont on pense faire son prix, c'est ce qui la rend si unique et irrenplacable à nos yeux.
Oui, lorsque l'on va au fond des choses, lorsque l'on connait les causes premières, à la lumière des fondements de l'âme rien n'est difforme ou honteux. Tout trouve sa place et sa justification. -Mais il est vrai que je crois pour ma part que l'on s'aime au fond de nous. Ce que l'on deteste en nous, c'est souvent ce qu'on ne comprend pas soi même, et ce ne peut être qu'une infime partie. (non?). Je pense que l'on sent confusément que tout acte est pardonnable en comparaissant devant ses causes profondes. Les pires monstruosités sont souvent des preuves terrifiantes d'une detresse sans nom, d'un être torturé d'un mental, d'un vécu que nous n'aurions mieux supporté.
Depuis qu'enfin j'ai trouvé telle femme qui m'aima, et que je me sente compris et nu sous son regard, je n'ai plus de crainte de la décevoir, plus de besoin de relever mon prestige dans les pans de ma large cape de gentilhomme. Il n'est besoin de ces efforts contentieux, elle sait ce que je suis, elle a déjà pesé mon âme entière. Par sa seule présence elle fonde mon être. Ce que je suis vraiment n'existe que d'être vu, senti par elle, et si dans les pièges de l'orgueil et les aspirations du surmoi je peux me tromper sur moi même, me caricaturer seul pour m'atteindre, je sais intuitivement que sa sensibilité va au dela de mes tentatives.


En somme, pour clore là ce tardif galimatia et vous résumer ma pensée, seuls les extrèmes nous rassurent: être méconnu ou aimé. Compris totalement, comme par un très vieil et indéfectible ami -/sa belle- ou pas du tout. Et c'est bien pour se garantir des ces troubles eaux de l'entre-deux, de ces gens qu'on cotoie trop pour qu'ils ne risquent pas d'hasarder une intuition, une opinion, que tablant de naissance sur une paresse atavique nous leur proposons des analyses simplifiées et dûment contrôlées, tout un jeu choisi de masques et de parures, afin qu'ils se les approprient et n' aillent pas au delà de ces mystères dont ils ne sauraient saisir le fin mot.



Petit exemple mal fagoté et peu probant (on reste un peu en surface de ce que je vous disais, mais baste,oui, il se fait tard dans mes esprits je navigue à la bougie) pour illustrer ces causes mal perçues: un nabot grotesque, 1m55 les bras levés, tel un nouveau David se heurte à un imposant Goliath pour une question de sensibilité froissée et de point d'honneur litigieux. Verdict ? Une prétention sans borne, une bêtise sans fond, une petite teigne mal dans sa peau, revancharde face à la disgrâce évidente de la nature... etc. Surtout s'il se prend la nécéssaire peignée qu'appelle la disparité des forces en présence. Et pourtant... quoi de plus sublime en réalité que cet être fragile, conscient de son infirmité et qui, plaçant son honneur au dessus de vos basses considérations de survie, muselant la peur légitime de ce suicide prévisible, ira défier la brute parce que NON, quelque soit sa force PERSONNE ne le traitera de la sorte, personne ne lui fera ravaler cette dignité qui le laisse, lui si petit, bien au dessus de vos sarcasmes mesquins de lâches...

PLus simple et moins mélodramatique: je sors avec ma belle de son appartement, et, loin de lui tenir la porte je passe en premier dans la rue. Si vous le savez, si vous le voyez, je crains que vous ne me taxiez fort peu civilement d'un certain manque de galanterie. Et pourtant, honte à vous, j'en respectais alors simplement les précepts, "protéger la jeune personne". On n'entre en premier que dans les lieux privés, réputé par définition "sûr", et on se porte en avant dans les lieux publiques, sujets à ne pouvoir acceuillir dignement votre compagne. De sorte que je préfère grandement ne pas laisser les gens s'attarder sur ma galanterie et autres bizarerie de mes actes et de mes pensées, leur fournissant en général une image prémachée revue à l'aune de leurs références. Etre connu à moitié est une infirmité dont on ne se relève que peu.

"Tout a déjà été dit, et l'on arrive trop tard."

Cette citation de La Bruyère, me semble-t-il(honte sur moi si ma mémoire est défectueuse!), reflète mon impression après le message du gentilhomme...

Très belle leçon de galanterie, que je connaissais déjà, en tant que gentleman.

Après un écrit d'une telle justesse, je ne saurais que rajouter...cela me semble vain.
Au plaisir de vos mots gentilhomme.

Au risque d'une répone quelque peu répétitive, je me permets également de ne rien ajouter...
Aprés une telle réponse, ce ne serait que prétention...

Quel plaisir de vous revoir parmis nous !

Vos amitiés et votre bonne estime me touchent. Merci à vous tous.